كلاسيكيات

الحالة
مغلق ولا يسمح بالمزيد من الردود.
ياسمين عنابة
katia48
ماكانش
جبران
à vous tous mes amis

Le poème
images

Le soleil est ma chair, le soleil est mon coeur,
Le coeur du ciel, mon coeur saignant qui vous fait vivre,
Le soleil, vase d'or, où fume la liqueur
De mon sang, est la coupe où la terre s'enivre.

Les astres sont mes yeux, mes yeux toujours ouverts,
Toujours dardant sur vous leurs brûlantes prunelles,
Et mes grands yeux aimants versent sur l'univers,
Sur vos amours sans fin, leurs clartés éternelles.

Les vents sont mes soupirs, les vents sont mes baisers,
Je suis le souffle, l'air, et vous êtes la flamme,
Et vous êtes pareils aux charbons embrasés,
Quand, l'été, mes soupirs ont passé sur votre âme.

Les fleurs sont mes désirs, les fleurs de toutes parts
Tendent vers vous leurs longs regards pleins de délices,
Les fleurs sont mes désirs, les fleurs sont mes regards,
Et vous buvez mon rêve au fond de leurs calices.

Je suis l'amour, l'amour, qui soulève les flots,
Et trouble et fait vibrer les océans immenses,
Et la chaleur, par qui les germes sont éclos,
Et le printemps, qui fait fécondes les semences.

Je suis dans tout, je suis la fraîcheur de la nuit,
Et je suis dans l'éther la lune qui vous aime,
Et l'ouragan aussi, l'éclair brûlant qui luit,
Car la création entière est mon poème,

Est un poème étrange où se mêlent des pleurs,
Et dont vous, ô mortels, vous êtes les pensées,
Ô vous qui partagez ma joie et mes douleurs,
Et l'ennui des éternités déjà passées
.​
Jean Lahor

le-poeme-de-ton-prenom-ici-tout-de-suite-.jpg
 


LE MOULIN AU PRINTEMPS
spring2001.jpg






Le chaume et la mousse

Verdissent le toit ;

La colombe y glousse,

L'hirondelle y boit.

Le bras d'un platane

Et le lierre épais

Couvrent la cabane

D'une ombre de paix.

La rosée en pluie

Brille à tout rameau ;

Le rayon essuie

La poussière d'eau ;

Le vent, qui secoue

Les vergers flottants,

Fait de notre joue

Neiger le printemps.

Sous la feuille morte,

Le brun rossignol

Niche vers la porte,

Au niveau du sol.

L'enfant qui se penche

Voit dans le jasmin

Ses œufs sur la branche

Et retient sa main
De Lamartine Alphonse

 


Printemps
4333.imgcache.jpg





Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Les rondes dentelles d'argent.
La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.
La rose semble, rajeunie,
S'accoupler au bouton vermeil
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.
Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant :
Dans les verts écrins de la mousse,
Luit le scarabée, or vivant.
La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend !
Tout vit et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !
La plaine brille, heureuse et pure;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.
Hugo Victor


 
merciiiiiiiiiiiiiiii
 
شكرا جزيلا على هذه الكلاسيكيات المنتقاة بعناية
merci
 

L'homme et la mer
oceansol.jpg


Homme libre, toujours, tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables
Charles Baudelaire
!
 
Brumes et pluies

images



Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,

Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux
Charles Baudelaire
 
Je veux dire Merci

2129863963_2.jpg



Pour
youyousra20
فلسطينية الهوى

Je veux dire Merci
Pour

Le rayon de soleil à travers les nuages noirs,
Le rire d’un enfant qui résonne de milles éclats
La note de musique qui illumine le silence
La douceur d’une main posée sur l’épaule fatiguée
La rose qui s’ouvre et délivre sa fragrance


Je veux dire Merci

Pour
Les vocalises de l’oiseau dans la lueur de l’aube
La goutte de pluie qui éclabousse de milles vies
La mélodie d’une voix qui enchante l’improbable
La rencontre d’un inconnu au cœur de la nuit
Le goût d’une saveur qui charme les papilles


Je veux dire Merci

Pour
Le halo de ses yeux qui éclaire les matins
La poignée de main qui souhaite la bienvenue
L’effluve d’un parfum qui envoûte les sens
Le flocon de neige qui se pose sur le bout du nez
Le temps qui passe en offrant une seconde chance


Je veux dire Merci

Pour
La symphonie d’un sourire qui ensoleille le visage
Les rêves qui défrichent des horizons nouveaux
Le souffle de la créativité qui réinvente le futur
L’envie d’ajouter de la passion dans la vie
L’espérance aux aurores d’une année nouvelle


Je veux dire Merci

Pour
Les projets que nous avons réalisés ensemble
Les secondes partagées à créer et à collaborer
La confiance précieuse que vous m’avez accordée
La reconnaissance que nous avons échangée
Les cadeaux que vous m’avez offerts

Je veux vous dire Merci
 
Paroles dans l'ombre

01284433170.jpg

Elle disait: C'est vrai, j'ai tort de vouloir mieux;
Les heures sont ainsi très-doucement passées;
Vous êtes là; mes yeux ne quittent pas vos yeux,
Où je regarde aller et venir vos pensées.

Vous voir est un bonheur; je ne l'ai pas complet.
Sans doute, c'est encor bien charmant de la sorte!
Je veille, car je sais tout ce qui vous déplaît,
A ce que nul fâcheux ne vienne ouvrir la porte;

Je me fais bien petite, en mon coin, près de vous;
Vous êtes mon lion, je suis votre colombe;
J'entends de vos papiers le bruit paisible et doux;
Je ramasse parfois votre plume qui tombe;

Sans doute, je vous ai; sans doute, je vous voi.
La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres,
Je le sais; mais, pourtant, je veux qu'on songe à moi.
Quand vous êtes ainsi tout un soir dans vos livres,

Sans relever la tête et sans me dire un mot,
Une ombre reste au fond de mon coeur qui vous aime;
Et, pour que je vous voie entièrement, il faut
Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même
.
Victor Hugo
 
آخر تعديل:
Il n'y a pas d'amour heureux

SadMan-1.jpg



Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa

force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux


Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux


Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux


Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux


Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux

Louis Aragon
 
participation intrusives
*****
*****
Tu me manque, toi et ton parfum
La distance qui nous fait être loin
Ne peut entacher notre destin
Demain on se prendra par la main

***
Donne moi de quoi ouvrir
En frappant à ma fenêtre
J'ouvrirais pour te dire
Que les mots font le poète

***
Voilà la clé de mon coeur
Celle de toutes mes rimes
Qu'elles fassent ton bonheur
Elles ôtent toute ma déprimes

***
Tu me manque, tu es si loin de moi
De ne sentir la douceur de tes doigts
De n'entendre le son de ta voix
Ferme un peu cette lumière en moi

***
Le temps passe et j'aperçois
D'un clic qui m'émerveille
Un E-Mail venant de toi
Il m' apporte le soleil

***
Même si tu n'as plus de ciel
Que dans ta tête il pleut
Je serais toujours ton arc en ciel
Pour sécher tes beaux yeux bleus

***
Tu me manque,si le matin tu n'es la
Quant ton corps ne love plus ces draps
Quand la chaleur de ton beau coeur
Ne réchauffe plus le mien des heures

***
Quand arrive la nuit
Que le soleil se couche
S'installe alors l'ennui
Dans mon coeur et dans ma couche

***
Mais quant bien même on ne se touche
Le fond de toutes mes pensées
Sont toujours pour toi ma douce
Car je ne peux me passer de t'aimer

***
Tu me manque,mais on n'y peu rien
Alors on patiente en attendant demain
De pouvoir sentir nos mains
Courir le creux de nos reins.....

***
Passent les heures à la pendule
Ma messagerie reste muette
Moi je reste incrédule
Pas un mot de mon poète...

***
Ton poète n'est pas loin
Mais dé fois il n'a pas les mots
Car tant de toi il a besoin
Que en lui s'installe bien des maux



 
J'AIME L'ANE


1319737801641.jpg

J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.

Il prend garde aux abeilles

et bouge ses oreilles;

et il porte les pauvres

et des sacs remplis d'orge.

Il va près des fossés,

d'un petit pas cassé.

Mon amie le croit bête

parce qu'il est poète.

Il réfléchit toujours.

Ses yeux sont en velours.

Jeune fille au doux coeur,

tu n'as pas sa douceur:

car il est devant Dieu

l'âne doux du ciel bleu.

Et il reste à l'étable,

résigné, misérable,

ayant bien fatigué

ses pauvres petits pieds.

Il fait son devoir

du matin jusqu'au soir.

Qu'as-tu fait jeune fille ?

Tu as tiré l'aiguille...

Mais l'âne s'est blessé:

la mouche l'a piqué.

Il a tant travaillé

que çà vous fait pitié.

Qu'as-tu mangé petite ?

- T'as mangé des cerises.

L'âne n'a pas eu d'orge,

car le maître est trop pauvre.

Il a sucé la corde,

puis a dormi dans l'ombre...

La corde de ton coeur

n'a pas cette douceur.

Il est l'âne si doux

marchant le long des houx.

J'ai le coeur ulcéré:

ce mot-là te plairait.

Dis-moi donc ma chérie,

si je pleure ou je ris ?

Va trouver le viel âne,

et dis-lui que mon âme

est sur les grands chemins,

comme lui le matin.

Demande-lui, chérie,

si je pleure ou je ris ?

Je doute qu'il réponde:

il marchera dans l'ombre,

crevé par la douceur,

sur le chemin en fleurs
[FONT=Trebuchet MS, Geneva, Arial, Helvetica, SunSans-Regular, sans-serif]Francis Jammes[/FONT]
.
 

Tu sais

0MH56473.jpg


Tu sais l’amour et son ivresse
Tu sais l’amour et ses combats ;
Tu sais une voix qui t’adresse
Ces mots d’ineffable tendresse
Qui ne se disent que tout bas
.


Maître de ces biens qu’on envie
Ton cœur est pur, tes jours sont pleins !
Esclave à tes vœux asservie,
La fortune embellit ta vie
Tu sais qu’on t’aime, et tu te plains !

Et tu te plains ! et t’exagères
Ces vagues ennuis d’un moment,
Ces chagrins, ces douleurs légères,
Et ces peines si passagères
Qu’on ne peut souffrir qu’en aimant !


Et tu pleures ! et tu regrettes
Cet épanchement amoureux !
Pourquoi ces maux que tu t’apprêtes ?
Garde ces plaintes indiscrètes
Et ces pleurs pour les malheureux
!

Pour moi, de qui l’âme flétrie
N’a jamais reçu de serment,
Comme un exilé sans patrie,
Pour moi, qu’une voix attendrie
N’a jamais nommé doucement,

Personne qui daigne m’entendre,
A mon sort qui saigne s’unir,
Et m’interroge d’un air tendre,
Pourquoi je me suis fait attendre
Un jour tout entier sans venir.

Personne qui me recommande
De ne rester que peu d’instants
Hors du logis ; qui me gourmande
Lorsque je rentre et me demande
Où je suis allé si longtemps.


Une fois pourtant – quatre années
Auraient-elles donc effacé
Ce que ces heures fortunées
D’illusions environnées
Au fond de mon âme ont laissé
?


Oh ! c’est qu’elle était si jolie !
Soit qu’elle ouvrit ses yeux si grands,
Soit que sa paupière affaiblie
Comme un voile qui se déplie
Éteignit ses regards mourants
!

- J’osai concevoir l’espérance
Que les destins moins ennemis,
Prenant pitié de ma souffrance,
Viendraient me donner l’assurance
D’un bonheur qu’ils auraient permis
:

L’heure que j’avais attendue,
Le bonheur que j’avais rêvé
A fui de mon âme éperdue,
Comme une note suspendue,
Comme un sourire inachevé
!

Elle ne s’est point souvenue
Du monde qui ne la vit pas ;
Rien n’a signalé sa venue,
Elle est passée, humble, inconnue,
Sans laisser trace de ses pas.


Depuis lors, triste et monotone,
Chaque jour commence et finit :
Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne,
Comme un dernier rayon d’automne
J’aperçois mon front qui jaunit
.

Et loin de tous, quand le mystère
De l’avenir s’est refermé,
Je fuis, exilé volontaire !
- Il n’est qu’un bonheur sur la terre,
Celui d’aimer et d’être aimé.

 



Vision som bre!un peuple en assassine un autre
get-1-2009-iaemzy4m.gif


Et la même origine, ô Saxons, est la nôtre !
Et nous sommes sortis du même flanc profond !
La Germanie avec la Gaule se confond
Dans cette antique Europe où s’ébauche l’histoire.
Croître ensemble, ce fut longtemps notre victoire ;
Les deux peuples s’aidaient, couple heureux, triomphant,
Tendre, et Caïn petit aimait Abel enfant.
Nous étions le grand peuple égal au peuple Scythe ;
Et c’est de vous, Germains, et de nous, que Tacite
Disait : — Leur âme est fière. Un dieu fort les soutient.
Chez eux la femme pleure et l’homme se souvient. —
Si Rome osait risquer ses aigles dans nos landes,
Les Celtes entendaient l’appel guerrier des Vendes,
On battait le préteur, on chassait le consul,
Et Teutatès venait au secours d’Irmensul ;
On se donnait l’appui glorieux et fidèle
Tantôt d’un coup d’épée et tantôt d’un coup d’aile ;
Le même autel de pierre, étrange et plein de voix,
Faisait agenouiller sur l’herbe, au fond des bais,
Les Teutons de Cologne et les Bretons de Nante ;
Et quand la Walkyrie, ailée et frissonnante,
Traversait l’ombre, Hermann chez vous, chez nous Brennus
Voyaient la même étoile entre ses deux seins nus.

Allemands, regardez au-dessus de vos têtes,
Dans le grand ciel, tandis qu’acharnés aux conquêtes,
Vous, Germains, vous venez poignarder les Gaulois,
Tandis que vous foulez aux pieds toutes les lois,
Plus souillés que grandis par des victoires traîtres,
Vous verrez vos aïeux saluer nos ancêtres

Hugo


 
آخر تعديل:
À ceux qui sont petits
1327413678231.jpg




? Est-ce ma faute à moi si vous n’êtes pas grands

Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans
Le mistral, le simoun, l’écueil, la lune rousse
Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce
Hélas ! l’envie en vous creuse son puits sans fond
Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
Et, tout en répandant sa triste lave noire,
Tâche d’être cuisant et ne peut qu’être lourd.
Tortueux, vous rampez après tout ce qui court ;
Votre œil furieux suit les grands aigles véloces.
Vous reprochez leur taille et leur ombre aux colosses ;
On dit de vous : — Pygmée essaya, mais ne put. —
Qui haïra Chéops si ce n’est Lilliput ?
Le Parthénon vous blesse avec ses fiers pilastres ;
Vous êtes malheureux de la beauté des astres ;
Vous trouvez l’océan trop clair, trop noir, trop bleu ;
Vous détestez le ciel parce qu’il montre Dieu ;
Vous êtes mécontents que tout soit quelque chose ;
Hélas, vous n’êtes rien. Vous souffrez de la rose,

Du cygne, du printemps pas assez pluvieux.
Et ce qui rit vous mord. Vous êtes envieux
De voir voler la mouche et de voir le ver luire.
Dans votre jalousie acharnée à détruire
Vous comprenez quiconque aime, quiconque a foi,
Et même vous avez de la place pour moi !
Un brin d’herbe vous fait grincer s’il vous dépasse ;
Vous avez pour le monde auguste, pour l’espace,
Pour tout ce qu’on voit croître, éclairer, réchauffer,
L’infâme embrassement qui voudrait étouffer.
Vous avez juste autant de pitié que le glaive.
En regardant un champ vous maudissez la sève ;
L’arbre vous plaît à l’heure où la hache le fend ;
Vous avez quelque chose en vous qui vous défend
D’être bons, et la rage est votre rêverie.
Votre âme a froid par où la nôtre est attendrie ;
Vous avez la nausée où nous sentons l’aimant ;
Vous êtes monstrueux tout naturellement.
Vous grondez quand l’oiseau chante sous les grands ormes.
Quand la fleur, près de vous qui vous sentez difformes,
Est belle, vous croyez qu’elle le fait exprès.

Quel souffle vous auriez si l’étoile était près !
Vous croyez qu’en brillant la lumière vous blâme ;
Vous vous imaginez, en voyant une femme,
Que c’est pour vous narguer qu’elle prend un amant,
Et que le mois de mai vous verse méchamment
Son urne de rayons et d’encens sur la tête ;
Il vous semble qu’alors que les bois sont en fête,
Que l’herbe est embaumée et que les prés sont doux,
Heureux, frais, parfumés, charmants, c’est contre vous.
Vous criez : au secours ! quand le soleil se lève.
Vous exécrez sans but, sans choix, sans fin, sans trêve,
Sans effort, par instinct, pour mentir, pour trahir ;
Ce n’est pas un travail pour vous de tout haïr,
Fourmis, vous abhorrez l’immensité sans peine.
C’est votre joie impie, âcre, cynique, obscène.
Et vous souffrez. Car rien, hélas, n’est châtié
Autant que l’avorton, géant d’inimitié !
Si l’œil pouvait plonger sous la voûte chétive
De votre crâne étroit qu’un instinct vil captive,
On y verrait l’énorme horizon de la nuit ;
Vous êtes ce qui bave, ignore, insulte et nuit ;

La montagne du mal est dans votre âme naine.


Plus le cœur est petit, plus il y tient de haine.

Hugo


 

Si celui qui s'apprête à faire un long voyage

avion2.jpg


Si celui qui s'apprête à faire un long voyage
Doit croire celui-là qui a jà voyagé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Tout moite et dégouttant s'est sauvé du naufrage,

Tu me croiras, Ronsard, bien que tu sois plus sage,
Et quelque peu encor (ce crois-je) plus âgé,
Puisque j'ai devant toi en cette mer nagé,
Et que déjà ma nef découvre le rivage.

Donques je t'avertis que cette mer romaine,
De dangereux écueils et de bancs toute pleine,
Cache mille périls, et qu'ici bien souvent,

Trompé du chant pipeur des monstres de Sicile,
Pour Charybde éviter tu tomberas en Scylle,
Si tu ne sais nager d'une voile à tout vent



.Joachim DU BELLAY
 
Puisque le juste est dans l'abîme

%25D8%25B9%25D9%2584%25D9%2589-%25D8%25AD%25D8%25A7%25D9%2581%25D8%25A9-%25D8%25A7%25D9%2584%25D9%2587%25D8%25A7%25D9%2588%25D9%258A%25D8%25A9.jpg



Puisque le juste est dans l'abîme,
Puisqu'on donne le sceptre au crime,
Puisque tous les droits sont trahis,
Puisque les plus fiers restent mornes,
Puisqu'on affiche au coin des bornes
Le déshonneur de mon pays ;

Ô République de nos pères,
Grand Panthéon plein de lumières,
Dôme d'or dans le libre azur,
Temple des ombres immortelles,
Puisqu'on vient avec des échelles
Coller l'empire sur ton mur
;

Puisque toute âme est affaiblie,
Puisqu'on rampe, puisqu'on oublie
Le vrai, le pur, le grand, le beau,
Les yeux indignés de l'histoire,
L'honneur, la loi, le droit, la gloire,
Et ceux qui sont dans le tombeau
;

Je t'aime, exil ! douleur, je t'aime !
Tristesse, sois mon diadème !
Je t'aime, altière pauvreté !
J'aime ma porte aux vents battue.
J'aime le deuil, grave statue
Qui vient s'asseoir à mon côté
.

J'aime le malheur qui m'éprouve,
Et cette ombre où je vous retrouve,
Ô vous à qui mon cœur sourit,
Dignité, foi, vertu voilée,
Toi, liberté, fière exilée,
Et toi, dévouement, grand proscrit !

J'aime cette île solitaire,
Jersey, que la libre Angleterre
Couvre de son vieux pavillon,
L'eau noire, par moments accrue,
Le navire, errante charrue,
Le flot, mystérieux sillon
.

J'aime ta mouette, ô mer profonde,
Qui secoue en perles ton onde
Sur son aile aux fauves couleurs,
Plonge dans les lames géantes,
Et sort de ces gueules béantes
Comme l'âme sort des douleurs
.

J'aime la roche solennelle
D'où j'entends la plainte éternelle,
Sans trêve comme le remords,
Toujours renaissant dans les ombres,
Des vagues sur les écueils sombres,
Des mères sur leurs enfants morts


.
Victor HUGO
 
الحالة
مغلق ولا يسمح بالمزيد من الردود.
العودة
Top Bottom